Parfois, les mauvaises nouvelles peuvent créer de délicieux moments. Après sa chute de vélo jeudi soir, j’ai gardé mon crapouillot vendredi après-midi, pour l’emmener chez l’ostéo à 16 heures. Une après-midi qui s’annonçait bien, et qui m’a finalement mis face à moi-même, face à mes incertitudes de maman…
Après avoir déposé son frère et sa sœur à l’école, j’ai demandé à NumberOne ce qu’il pensait faire pendant cette après-midi. Réponse sans surprise de mon grand indécis:
– « Je ne sais pas trop ».
– « Profite, tu peux faire ce que tu veux, ton frère et ta sœur ne sont pas là » (remarque idiote de moi-même, des fois qu’il n’ait pas remarqué que nous n’étions que tous les 2…).
– « J’aimerais bien que ce soit plus souvent comme ça ».
Aïe… Dans notre organisation idéale, nous aimerions pouvoir consacrer un moment à chacun de nos enfants, en tête à tête. Dans la réalité, ça ne se produit que très rarement. Et encore, en coup de vent, parce que le déroulement de la journée l’impose.
L’année dernière, j’avais fait un planning de la semaine où nous nous étions organisé pour que chaque enfant ait dans la semaine une petite plage avec 1 seul de ses parents. Sachant que pour qu’1 des enfants soit seul avec un parent, il faut que l’autre parent garde les 2 autres enfants (oui, c’est un peu matheux, comme raisonnement). Bref, ça voulait dire dégager 6 créneaux de tête-à-tête dans la semaine. On l’a fait… sur le papier…
Au final, ces moments n’existent que très peu, trop peu bien évidemment.
Alors, je me suis dit qu’on allait profiter de cette après-midi, même si bien sûr je devais travailler en même temps. A la maison, j’ai travaillé un peu le temps qu’il choisisse un jeu et l’installe. On a ensuite fait une partie de dames (au secours, je me suis fait battre!), jusque là, tout allait bien. Un dessin animé pendant que je retravaillais un peu, et il était déjà tant de partir.
Nous sommes sortis tôt du rendez-vous, il nous restait 1 heure rien que pour nous 2, avant de récupérer NumeroBis et Poupoune à la garderie. Le rêve… ou pas.
Je lui ai demandé ce qu’il avait envie de faire, il ne savait pas trop. Moi non plus. 1 heure à deux, comment en profiter? Il m’a finalement répondu « ce que tu veux, c’est toi qui choisit ». Je me suis sentie bête, de ne pas savoir quoi faire… Alors, je lui ai proposé d’aller au bord du lac. Je nous imaginais nous promener au bord de l’eau, en discutant tranquillement. Mais discuter de quoi??? Quand ils sont tous les trois, les questions fusent, ils parlent entre eux et je suis incluse d’office dans la conservation, c’est naturel. Mais là… Rien. Un pétard mouillé. Quelques mots qui partent et puis pas de suite… Une maman sait pourtant parler à son enfant, non? Moi, je peux passer des heures à discuter avec ma mère, depuis que je suis toute petite. Et là, je me suis dit un truc terrible.
Moi, fille unique, je ne savais pas être la maman d’un seul enfant.
Je n’ai jamais été maman d’un seul enfant. Je ne sais pas faire, je ne sais pas être.
Finalement nous avons atterri au Colombus Café. Un joli décor avec vue sur le lac en arrière-plan, un chocolat chaud qui invite aux confidences et aux discussions plus intimes.
J’essayais désespérément de créer un moment de complicité avec mon fils.
En l’écrivant, je me rends compte que je n’ai jamais eu l’occasion de dire « mon fils ». J’ai toujours dit « mes enfants, « mes garçons ». Je n’ai pas appris à être maman d’un enfant. Et eux? Et LUI? Comment se construisent-ils dans cette fratrie? Ressentent-ils le manque d’une relation individuelle avec chacun de leur parent? Tellement de questions qui m’ont submergée pendant ce tête à tête…
Je lui ai demandé ce qu’il pensait de notre nouvelle vie ici, ce qu’il aimait, s’il avait envie de retourner en Bretagne. Mais je n’ai pas réussi à créer cette connivence, ce sentiment d’être parfaitement bien tous les 2.
Et je suis restée sur le sentiment de mon échec à moi, mon échec de maman…
8 Responses
Ça va venir avec le temps, j’en suis certaine. Il vous faut trouver votre rythme à Annecy et avec 3 enfants, j’imagine que le temps file à une allure dingue entre lécole, les activités de chacun, du temps pour ton couple. Tu n’es pas Wonderwoman (désolée de casser ton rêve :p ). C’est mathématiquement quasi impossible que tu puisses régulièrement profiter de chacun de tes enfants individuellement et que ce soit archi naturel. Sauf avec Poupoune qui a toujours 12 000 choses à raconter à la minute 😀
Essaie de sauter sur des occasions comme vendredi pour avoir des temps privilégiés. Courage Super Maman :-*
En fait tu as peut-être mis le doigt sur LE truc : Poupoune est super bavarde (ouai, c’est scoop). Alors peut-être que du coup je m’attend à la même chose mais que mon NumberOne est plus réservé.
2 phrases, 2 peut-être, la fille qui est super sûre d’elle… Merci en tout cas :-*
oh je suis émue de lire ton billet çar j’imagine ce que tu dois ressentir.
C’était peut être pareil pour lui, un peu inhabituel, un peu intimidant. Renouvelez l’expérience plus souvent, planifiez vous des petits rendez vous (on va juste éviter une autre chute de vélo !)
Mes jumeaux sont encore petits (4 ans) et comme toi, ils sont 2 le plus souvent alors ils parlent beaucoup, à tout de rôle, en même temps.Quand je leur pose une question, ça répond dans tous les sens. Quand j’ai la chance de n’être qu’avec un des deux, curieusement on parle moins mais je le câline plus 🙂
Et puis mes deux autres enfants ne sont pas jumeaux mais pour autant, quand je me retrouve seule avec eux on ne refait pas forcément le monde 🙂
Peut-être que j’ai surinvesti ce moment parce qu’il est tellement rare!
Mais c’est vrai que d’habitude, c’est exactement comme tu le décris : 1 mot et ça part dans tous les sens, tout le monde parle en même temps 😀
Difficile en effet avec 3 enfants de réussir à trouver du temps pour chacun. Comme le dis très bien Marie n’hésite pas à profiter de ces moments (aussi petits soient ils) d’exclusivité avec ton (et non pas tes) enfant. Vous retrouvez autour d’un livre, d’un jeu de société, d’un chocolat chaud ou même d’une simple descente en luge 😉 savoure chaque instant. Votre équilibre vous l’avez à 5 et ça roule. Ne sois pas trop dure avec toi même surtout. Cette prise de recul (bien que douloureuse j’imagine) sera sûrement un mal pour un bien. A présent tu en a conscience, les choses viendront naturellement comme toujours dans notre rôle de maman. 🙂
Gros bisous ma belle
Merci pour tes mots doux, des bisous à toi aussi 🙂
C’était une première fois, ne renonce pas : vous allez la créer, cette complicité, impossible qu’il en soit autrement !!!
Peut-être qu’elle existe déjà, mais différemment, pas de la façon dont je me l’imaginais… En tout cas tous ces messages m’aident à voir le bon côté des choses 🙂